Description d’après Perraud en 1912 : « Le vieux castel s’élève, à une petite distance [270 mètres], au nord de l’église, dans le bas d’un vallon sur les bords d’un ruisseau dont les eaux vives devaient constamment alimenter les fossés, aujourd’hui comblés. Il formait une cour carrée encadrées de bâtiments dont chaque face mesurait, au dehors, 25 m de développement. La muraille extérieure, épaisse de 1 m à la base, formait à l’intérieur, près de son sommet, une galerie ou chemin de ronde continu, porté, partie sur l’épaisseur de sa maçonnerie, partie sur des consoles, et que protégeait un parapet percé de meurtrières.
NOTE[il n’en reste rien, sinon une porte haute dans l’angle sud-est du bâtiment nord]
L’angle nord-est de ce quadrilatère était défendu par une tour ronde, toujours existante, dont la voûte en cul-de-four du rez-de-chaussée s’appuie sur des murailles de 1,40 m d’épaisseur. Près du haut de ces murailles se voient encore, çà et là, plusieurs consoles brisées, seuls restes de ces mâchicoulis [consoles à trois ressauts. La tour est équipée d’une latrine en encorbellement contre la courtine est, et de canonnières à mousquet dans la latrine et au rez-de-chaussée].
A l’angle opposé, au sud-ouest, s’élevait aussi une tour, mais de forme carrée, encore entière à l’époque de la Révolution, mais dont il n’en reste plus actuellement qu’un tronçon à sa base [plus visible en 2009] Tout le bâtiment, aménagé aujourd’hui en une habitation de cultivateur [restauré en maison urbaine fin XXe s.] montre un cellier au rez-de-chaussée et au premier et unique étage deux grandes salles. Elles ont conservé leurs vieilles cheminées, dont le manteau de l’une, décoré de diverses sculptures, mesure 4 mètres de longueur. Sur une poutre en bois de chêne de cette même pièce se lit le millésime de 1496 et tout à côté se voient un écusson et une petite inscription latine : Si qua vidit aus misi. En recouvrant d’une toiture unique partie du bâtiment avec la tour d’angle, on a enlevé tout cachet et tout aspect féodal à ces sombres murailles, en grande partie, aujourd’hui, tapissée de lierre. »
Précisions de Guy Delorme : « Actuellement, seuls subsistent le corps de logis, la tour ronde arasée en angle nord-est et l’aile en retour à l’est. Les facades nord et est restent relativement préservées et interessantes malgré le percement tardif d’ouvertures assez sommaires. Présence de meurtrières, d’une bretèche-latrines, départs d’échauguettes (?) sur les trois côtés restants, chemin de ronde conservé en grande partie dans les greniers, négatif des merlons et créneaux, au moins deux poutres anciennes conservées (moulurées à même le bois) dans la grande salle, une porte et un fenestron linteau à accolade (utilisation du calcaire de la carrière de la Lie, Sommeré), et un corbeau en pierre dure sculpté, daté de 1496 portant la devise « Nisi si qua vidit avis » (adage d’Erasme, repris des Oiseaux d’Aristophane). La maison était entourée de fossés et le sol a été réhaussé d’un bonne soixantaine de centimètres depuis le début du XIXe ».
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Cette forteresse élevée vers 1340 par Simon de Sainte-Croix (doyen du chapître de Saint-Vincent) se situe au bord du Talenchant dont les eaux vives d’alors devaient alimenter les fossés.
Partons de la tour ronde. Elle se situait à l’angle nord-est des murailles. A l’angle opposé, l’angle sud-ouest, de dressait une tour carrée. Protégés de ses murailles, plusieurs bâtiments formaient une cour carrée.
Le château a subi de nombreux assaults : les guerres de Bourgogne du XVème siècle où il fut pris par les Armagnacs avant de nous revenir de nouveaux; les guerres de religion du XVIème où les Protestants l’incendièrent en même temps qu’ils pillèrent l’église. Il fut peu d’années après pris par le comte de Cruzilles et il fallut l’intervention du gouverneur de Mâcon pour que le comte rendît le château au chapître de Saint-Vincent. Les guerres de religions ayant toujours cours, le château subit encore des attaques et il fallut réparer le pont-levis, les fossés, faire relever une muraille tombée près du colombier puis s’occuper de la toiture, de l’escalier menant à la chambre de la tour carrée et de la guérite nord. L’intérieur était aussi dans un état proche de la ruine.
Tout est refait à neuf lorsque la Révolution fait rage. Les archives mettent alors en cause un groupe d’habitants d’Igé qui réussirent à démolir le portail d’entrée, la porte de la cave, la montée d’escalier du château ainsi que sa porte d’entrée, la toiture de la tour ronde et celle de la tour carrée. Ils n’oublieront ni porte ni croisée…
En 1791, le château est vendu à Claude Bernoud, de Verzé.
François PERRAUD, Les environs de Mâcon, anciennes seigneuries et anciens châteaux